Les écoles de conduite en roue libre
Depuis presque 56 ans, les auto-écoles délivrent à des générations de Français la formation nécessaire à l’obtention du permis de conduire. Le précieux sésame rose a été -et est toujours – pour beaucoup un véritable sésame pour la liberté. Pour certains, il a aussi offert la possibilité d’exercer un emploi. L’école de conduite est ainsi devenue, dans un pays qui s’est fortement équipé en véhicules de toutes sortes sur cette période, une véritable institution, et le moniteur d’auto-école a longtemps été respecté (voir craint).
Pourtant, les établissements d’enseignement de la conduite automobile font grise mine. Les exploitants d’auto-écoles du nord de l’Île-de-France ont lancé il y a une semaine une grande opération escargot pour manifester, entre autres, contre la pénurie d’inspecteurs. Ce mouvement est le dernier d’une longue série qui marque le malaise d’une profession qui se sent victime d’une conjonction de mauvais signaux en provenance de l’État.
En effet, une majorité des 11 000 auto-écoles que comptait la France en 2005 connaissent de nombreuses difficultés depuis quelques années. Elles sont d’abord d’ordre économique. Le coût de la formation est pourtant jugé très élevé par beaucoup d’élèves. Il faut prévoir un budget global compris entre 1000 et 1500 euros en moyenne. Le forfait pour le code s’élève à 150 euros et l’heure de conduite est fixée à 31 euros.
Néanmoins, il est difficile pour de nombreuses écoles de conduite d’atteindre le seuil de rentabilité. Les auto-écoles subissent aussi ce que de nombreux responsables syndicaux appellent « une concurrence déloyale », avec d’une part l’apparition d’établissements « low cost » et d’autre part des associations qui se lancent en proposant des leçons de conduite sans avoir l’habilitation.
À cela s’ajoute une crise de reconnaissance. De nombreux moniteurs d’auto-école sont rémunérés au SMIC, malgré leur diplôme d’État et la responsabilité qui leur incombe. Les gérants sont également confrontés à des changements fréquents de la manière d’établir des documents administratifs.
Les manifestations du 29 mai portaient sur le nombre insuffisant d’inspecteurs du permis de conduire. Dans les grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille, il n’est pas rare qu’un candidat attende trois mois pour repasser son permis quand il a échoué à son examen. Le système est perturbé par le fait que seuls les élèves passant le permis pour la première fois disposent d’une place automatique avec un inspecteur. Les redoublants, quant à eux, devront patienter jusqu’à ce qu’un créneau se libère sur les sessions. Cette situation pèse sur les moniteurs d’auto-école qui sont en première ligne devant la frustration, voire la colère des élèves.
Autre enjeu de taille pour les écoles de conduite : l’examen du code. Le ministère envisageait d’enseigner cette discipline une heure par semaine dans les lycées. Cela aurait représenté un manque à gagner énorme pour les auto-écoles. Pour l’instant, le projet est enterré mais les syndicats et les responsables d’établissements restent vigilants.
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